Markus Lüpertz wird ungeduldig…

Markus Lüpertz wird ungeduldig…

(Article France – Allemagne du Cher)

Markus Lüpertz s’impatiente…
Au Musée des Beaux-arts d’Orléans, l’artiste nous attend.

Samedi 3 septembre, nous sommes une vingtaine de membres de l’Association Franco-Allemande du Cher à avoir choisi de participer à cette sortie de rentrée.
Détente et sérénité au programme : la route vers Orléans, ce sera celle du père tranquille à travers bois et guérets. L’autoroute? Aujourd’hui connais pas !


8 h. Nous partons.
Première étape : Saint Doulchard, Allogny, Neuvy sur Barangeon, Nançay.
On avait commandé un beau soleil. Profiter en sous-bois des taches de lumière dentelées par la canopée et saisir la caresse des rayons sur le roux des dernières feuilles et le cuivre des fougères, c’était l’un des objectifs de la journée.
C’est raté. Il pleut.

Tant pis, en route. A Orléans, Markus Lüpertz nous attend. Impatient, nous dit-on.

Deuxième étape : Nançay, Souesmes, Pierrefitte. A partir de là, on changera le havane des sous-bois dont nous sommes privés pour le rouge brun des murs des maisons. Il faut savoir s’adapter. La brique s’impose. C’est tout l’art de la Sologne. Et justement, l’art, nous y allons…

Brinon, premier arrêt. L’église Saint Barthélemy et son caquetoire remarquable. Et de caqueter un peu, beaucoup, à la folie. Il faut faire le tour. Une fois, deux fois, trois fois… ça déclenche un peu, beaucoup, à la folie. Jeanne commence son reportage photographique. Un quinzaine de clichés plus tard, nous partons, nous n’avons pas beaucoup de temps.

A Orléans, Markus Lüpertz nous attend. Impatient impatient, nous dit-on.

Chaon. De la brique, encore de la brique, toujours de la brique. Sous-sol glaiseux, alors…, ni parpaing ni crépi. Sologne encore.
On garde la visite de la Maison du braconnage pour une autre fois.
Miracle, le plafond gris s’éclaircit. Quelques lasers d’or commencent à nous titiller les pupilles.

9 h 30 : Souvigny en Sologne, deuxième arrêt. Et premier choc. Probablement en bisbille avec sa propriétaire (personne ne saura jamais le fin mot de l’affaire), la voiture de Jeanne se fâche et tamponne le trottoir. Bilan : roue crevée. Heureusement, nous avons avec nous deux éminents spécialistes des autos tamponneuses. Michel et Michel auront ainsi bientôt dompté la roue rebelle et les boulons complices et monté l’attelle ad hoc .
Mais, mais, mais… retard : 20 minutes.
Nos guides sont déjà là. M. Vilain et son compère prennent immédiatement le relais. Ainsi nous apprenons qu’Eugène Labiche, l’auteur de théâtre parisien pourfendeur de la suffisance, des vanités bourgeoises et de la morale élastique, a été propriétaire terrien et maire de la commune pendant dix ans dans les années 1880.

La petite église à caquetoire remarquable a droit à des explications un peu plus détaillées :
le XIIème siècle la voit naître. Nef du XIIème donc, chœur du XVème, portail en plein cintre, abside à trois pans, briques rouges et noires, fenêtres en tiers-point moulurées, porche de charpente du XVIème, grand retable en bois sculpté et peint du XVIIème, peintures murales, lutrin en bois sculpté du XVIIIème n’ont bientôt plus aucun secret pour nous.
L’inscription à l’inventaire des monuments historiques en 1979 ne surprendra personne…
Hélas, après ces quelque trente minutes de pure culture, il faut partir…

A Orléans, Marks Lüpertz nous attend. Impatient, impatient, impatient, nous dit-on.

Sennely, son église et sa halle, Marcilly et son golf international nous jalonnent la route vers le Parc floral de La Source où nous attendent Michelle, Jean-François et leur camping-car, partis de leur côté. Tout ça fait beaucoup d’attente et de retard.

Pour être à l’heure, il faudra à l’avenir éviter la rencontre entre une voiture indocile et une église remarquable. Ce sera la leçon du jour. A méditer.

Parc floral. Splendide, comme toujours. Mais nous n’en profitons pas vraiment. Le retard accumulé nous conduit à parcourir les allées fleuries au pas de gymnastique et la serre aux papillons à grandes enjambées. Grosse frustration ! Grosse frustration bis : les superbes papillons bleus volètent entre les branches sans jamais se poser ! Les photographes font la tête. Nous reviendrons.

Retour aux voitures et départ pour le restaurant. Et que croyez-vous qu’en ce lieu il arrivât ? Retard…

Au musée, Markus Lüpertz parle de s’en aller…

Sus au tram !
Partis. Zénith – Place de Gaulle : 12 minutes. Changement. Place de Gaulle – Hôtel de ville : 3 minutes. Musée. Nous y sommes. Il est 15 heures.

A travers ses oeuvres, Markus Lüpertz est bien là et notre guide a eu la bonté de nous attendre. Nous parcourons de conserve l’intérieur du musée. Nous verrons tout à l’heure les statues hors-les-murs.
A l’instar de Baselitz et Immendorff, Markus Lüpertz incarne le néo-expressionnisme qui marque l’art allemand en recherchant la forme qui transgresse les questions de médiums au profit de la force émotionnelle. Les trente-trois tableaux et les vingt-trois dessins exposés nous révèlent le processus pictural du peintre, qui part de la forme et de la couleur avant de voir petit à petit éclore le sujet.
Depuis 1981, Markus Lüpertz prolonge sa recherche plastique dans le champ de la sculpture avec une porosité entre les techniques qui le conduit avec aisance à faire dialoguer peinture, dessin et sculpture afin de façonner son propre monde. Judith, Ulysse et Mozart au parc Pasteur, Athéna dans la cour de l’hôtel Cabu, enfin Daphné place de l’Etape, Achille rue Fernand Rabier et surtout Hercule dans le jardin du superbe hôtel Groslot nous révèlent le mécanisme de travail de l’artiste.

Le musée a intitulé l’exposition « Le Faiseur de Dieux ». On en comprend parfaitement la raison et le sens en fin de visite. La puissance expressive dégagée par les œuvres est de celle des plus grands.

Des couleurs et des formes il faut malgré tout s’éloigner.
16 h 30. Il nous reste du temps ! Qui l’eut cru ?
C‘est le petit train qui sera notre dernière escapade. Il nous emmène à travers les quartiers Bourgogne et Royale, entre Loire et Martroi, à la découverte du centre ancien. Quarante minutes de balade et nous voilà attablés devant le rafraîchissement tant attendu.
Retour au zénith et départ pour Bourges, qui par l’autoroute, qui par la route. La jambe de bois de la voiture de Jeanne nous impose un petit 80 km à l’heure (c’est la jambe de bois elle-même qui le dit !). Nous rentrons donc lentement et prudemment sur la pointe du pilon. En arrivant au parking, plus âme qui vive… évidemment ! Sont sans doute déjà tous à l’apéro. Tant pis pour ce soir. On en prendra deux demain. A deux mains. Mais aussi avec modération.

CATEGORIES
Share This

COMMENTS

Wordpress (0)
Disqus ( )