‘’Autumn outing’’ pour France Grande Bretagne

‘’Autumn outing’’ pour France Grande Bretagne

Notre sortie pourrait être à l’image d’un cocktail revigorant à base de visites insolites, de guides passionnés, de paysages aux couleurs de l’automne, réhaussés par un beau soleil solognot.

La visite du matin, au domaine d’Aubussay fut une découverte totale pour tous les participants

Ce manoir, construit en 1346 par un écuyer du roi Charles VI, Pierre d’Aubucé, connut des heures de gloire puis tomba dans l’oubli et ressuscita….

En 1356, il échappe miraculeusement aux hommes et aux archers du redoutable Prince de Galles, alias le Prince Noir, qui déferlent sur la région, ravagent tout particulièrement Vierzon. Les relations sont donc déjà un peu tendues à l’époque !

Le temps passe et, en 1585, Françoise de Maubruny, fille du propriétaire de l’époque, tombe sous le charme irrésistible d’un écuyer écossais de la garde qu’elle épouse, François d’Estutt d’Assay. La propriété reste dans cette famille pendant 240 ans. La famille Bourdaloue en fait l’acquisition en 1693.

En 1827, Jean Aubertot l’achète. Cet homme, d’origine modeste, travailleur et doté d’un sens inné des affaires, devient maître de forge et rachète les forges alentours (St Baudel, Vierzon, Mareuil…) Avec le minerai de fer abondant en Sologne et des forêts pour produire du charbon de bois, il fait fortune et à 90 ans, déclare ‘’avoir employé 25000 personnes’’. Grand bâtisseur, il transforme le vieux manoir du XVIe siècle : tous les nouveaux bâtiments sont aménagés autour d’une vaste cour carrée, pavée avec un système de récupération du lisier, des eaux pluviales. La bergerie, la vacherie sont des modèles d’architecture, sans compter une cave à betteraves hors gel, une laiterie, un four à pain, un grand potager avec une mare pour l’arrosage, un lavoir sur l’étang….

Le 3 octobre 1848, le gouvernement provisoire déclare vouloir ‘’former des apprentis soumis à un enseignement pratique et théorique, instruire des jeunes gens au travail de la terre, leur apprendre à commander et non seulement à obéir’’.

C’est alors que va commencer l’aventure

Le 3 octobre 1854, un arrêté ministériel rend officiel l’existence de la ferme école d’Aubussay pour le département du Cher, choisie pour sa polyculture et ses vastes bâtiments aménagés par Jean Aubertot, pour ses élèves. Un bail de 15 ans est signé entre le directeur, Désiré Poisson et le comte de Combarel, gendre d’Aubertot. 36 élèves sont prévus mais seulement 27 seront présents et les études durent 3 ans. Le Préfet finance toute l’installation et le fonctionnement mais pas le trousseau obligatoire qui est important et représente une charge financière trop lourde pour les élèves issus des classes modestes. Les jeunes viennent surtout de la Région centre mais aussi de Paris, Cambrai ou Clermont Ferrand. Les débouchés sont les grandes propriétés agricoles, les jardiniers de l’Orléanais ou les régisseurs en Sologne.
La nourriture est saine et abondante, de la viande à tous les repas et 1/2 litre de vin par jour. Les consignes sont précises ‘’Manger proprement le potage sans faire de bruit et ne pas souffler sur la cuillère ou dans l’assiette quand le potage est trop chaud’’ !
La ferme comporte des chevaux, des bœufs, un taureau Durham, des vaches laitières, des verrats, des truies, des béliers, des brebis, des ruches et des poules. Le matériel agricole est français ou anglais. En fin de chaque année scolaire, un rapport d’activité est accompagné d’une distribution de prix aux meilleurs élèves (100 à 400 Fr), avec une médaille frappée spécialement pour la ferme.

Mais en 1863, suite à une mésentente, le bail n’est pas reconduit et la ferme école déménage à Laumoy dans le sud du département. Ainsi prend fin cette aventure.

En 1936, un tuilier de Foëcy achète Aubussay pour ses bois qui servent à allumer des fours de l’usine, quant à la ferme, le notaire note ‘’en état de ruine’’ …Le nouveau propriétaire remet en état les toitures de tous les bâtiments, sa fille s’y installe

en 1947 et continue l’activité agricole et les rénovations. Enfin son petit-fils, notre hôte, arrive à son tour et poursuit, avec sa famille, la remise en état du logis et des bâtiments de la ferme école d’Aubertot. Un immense bravo, chapeau pour l’œuvre accomplie et un grand merci pour nous avoir accueillis !

Il est temps de rejoindre Saint Viâtre, s’y restaurer et se rendre à la Maison des Etangs où nous attend Jean Michel, notre guide à l’enthousiasme contaminant. Il nous expose, avec brio, l’historique, la construction, le fonctionnement, l’exploitation, la pêche, la flore et la faune si riches des étangs ; nous découvrons les métiers traditionnels (corderie, tonnellerie, fabrique de barque à fond…) et la vie quotidienne des Solognots. Une production nouvelle se développe, l’élevage de l’esturgeon et sa production de caviar, un autre univers à découvrir une autre fois.

La découverte du village s’impose, à commencer par l’église. Plantée au cœur du village, elle arbore son clocher tors ou vrillé qui en fait sa première curiosité, due à une torsion d’origine accidentelle (le bois des charpentes aurait travaillé au fil du temps) ou à une intervention diabolique, qui sait !

A l’intérieur, la crypte, difficile d’accès quand on n’a plus 20 ans, est située sous l’autel récent (1902). C’est la partie la plus ancienne et est dite comme étant le tombeau de saint Viâtre, cet ermite retiré dans les bois de Sologne. Dans une des chapelles, le polyptyque est un ensemble de quatre volets peints sur leurs deux faces décrivant la vie du saint. Ces peintures non signées, attribuées à l’école flamande du début du XVI e sont réalisées à l’huile sur bois.

A l’extérieur, une galerie ou ‘caquetoire’ forme une sorte de cloître utilisé comme lieu de réunion. Quant au chafaud, ce monument de briques avec une belle charpente et une pierre d’autel, il permettait de poser la châsse de St Viâtre, lors des ‘’ostentations’’, cérémonies religieuses aujourd’hui disparues.

Le retour, par la route des étangs, permit de profiter des couleurs somptueuses de cette journée jusqu’au crépuscule.

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